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Fariboles & Calembredaines
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21 avril 2008

Mon voisin Eudeline

eudeline_5Patrick Eudeline, c'est pas juste un type, c'est un symbole vivant. Il a joué dans un groupe de punk dans les années 70, il a écrit des livres, mais il est surtout « connu » comme critique de rock pour Rock & Folk. Patrick Eudeline, c'est une silhouette, un style, un peu un Keith Richards à la française. Je me souviens de lui, avec ses lunettes noires, sur Jimmy, invité par Manoeuvre dans le Rock Press Club. Au milieu des binoclards post modernes de merde à la Technikart, Eudeline c'était un peu le vieux con, celui qui a tout vu, tout lu, tout bu, avant même que vous ayez l'idée saugrenue de venir au monde. Le genre de type qui est capable de s'énerver pour défendre des machins comme l'antifolk, que même Tracks sait pas ce que c'est. Une figure, une référence, quoique ça veuille dire.

Pour tout dire, à une époque où je voulais faire un film sur un groupe de rock, je voulais absolument qu'Eudeline joue dedans. Comme une sorte de caution morale, je pense, un truc comme ça.

Or voilà-t-il pas que peu de temps après m'être installé à Paris je croise dans ma rue un type qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Mais bon, sans les lunettes noires c'était difficile d'être sûr, et puis c'était la même semaine que j'avais eu l'impression de croiser Jean-Paul Rouve à la Fnac St-Lazare, alors bon, je me méfiais de ma propension à voir des gens connus partout.

Mais dimanche soir (hier) alors que l'ami Xuc et moi-même arpentions les allées de l'Arabe du coin en quête d'alcool, voilà que je me fais bousculer par ce même type qui ressemble à Eudeline. Et là, je doute plus ; je suis bien voisin d'une légende vivante de l'histoire du rock hexagonal. Et pourtant lorsque, tout excité, j'en parle à Xuc, lui de me répondre « Patrick qui ? »

Qu'est-ce à dire ? Maître Xuc, lui diplômé de musicologie, lui qui connaît sur le bout des doigts des groupes de punk français obscurs que seule Louise prétend apprécier, ne saurait pas qui est Eudeline ? Et moi d'essayer de lui définir en quelques mots le personnage, et de me retrouver face à ce constat : impossible de résumer exactement ce que représente Eudeline. Le cantonner à ses diverses professions (chanteur, journaliste, écrivain) paraît bien réducteur. Ce que je peux en dire, c'est que c'est un personnage qui apparaît immédiatement sympathique, un de ces gens qui nous font croire que des époques légendaires, quasi mythiques ont vraiment existé, et que, plus fou encore, elles vivent encore, enfouies quelque part dans le coeur des rares survivants qui n'ont pas tout oublié.

Et donc, dissipons tout de suite une légende, Eudeline ne porte pas des verres fumés en permanence. Par exemple, chez son épicier de quartier le dimanche soir, alors que le jour faiblit, il affronte le monde à yeux découverts. Et il est très poli aussi, il dit « excusez-moi » avant d'aller acheter son coca light (ou sans caféine, j'ai pas bien vu). Et qu'est-ce qu'il boit comme alcool fort le père Eudeline ? Que cet homme revenu de toutes les murges nous dise ce que la jeunesse de France doit ingurgiter pour être rock n'roll ! Ben désolé, mais là aussi, j'ai pas bien vu. Merde, vous êtes marrant, est-ce qu'à ma place vous auriez dévisagé son cabas ? On reste entre gentlemen, tout de même.

Le plus charmant dans cette histoire, c'est que, peut-être, tout cela n'est que pur fantasme, et qu'Eudeline n'habite pas le IXe (ou le Xe, ou même le XVIIIe, je suis à la frontière). Mais si c'est le cas, et que par hasard il tombait sur ce blog, je lui présente mes hommages et je serais ravi de tailler le bout de gras la prochaine fois qu'on se croisera à l'épicerie (qui pratique des prix qui frôlent l'escroquerie en règle. Je sais pas combien il a payé ses canettes, mais pour Xuc et moi, il est clair que nous avons été quasiment détroussé, et je dis ça en étant conscient de la hausse des prix des matières premières).

Espérant vous retrouver à la boulangerie, je reste, M. Eudeline, votre dévoué, Fried.

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Commentaires
F
Les gens qui me font des compliments sont ici chez eux.
D
Arf... Il s'en prend plein la tronche, mais c'est de bon coeur, hein ! Eudeline est une institution à lui tout seul, mais faut dire, que sa chanson "pantin de rien" elle est sublime dans son genre...<br /> <br /> Cela étant dit, je te souhaite vivement de le (re)croiser au détour de la boulangerie.<br /> <br /> Et puis sinon, merci pour la bienvenue par ici. Je repasserai car j'apprécie ta façon de narrer les choses. <br /> <br /> Bonne journée ! D.
F
Salut, et bienvenue parmi nous.<br /> J'ai suivi ton lien qui ne fonctionne pas, mais en fouillant un peu, j'ai trouvé le post dont tu parles. Cette sacrée vieille épave d'Eudeline s'en prend plein la gueule. Pauvre vieux.
D
Bonjour ! Je découvre ton fort fort sympathique blog ce soir, et ton post m'a fait penser à un autre post, ailleurs (http://stef-blogapart.blogspot.com/2008/01/dgueules-de-bois-et-en-bonus-post.html) sur M'sieur Eudeline qui m'avait fait beaucoup rire.
H
Bonsoir,<br /> <br /> Tout comme Xavier, j ignorais tout de cet illustre personnage. <br /> Or vu la pointure je ne peux que feliciter l initiative du destin de placer ce monsieur sur le trajet de ton epaule, tout ca un soir de gallere chez l epicier. c'est ca qu'on veut ! formidable !<br /> <br /> En plus ta note est tres bien foutue, tres instructive et surtout tres "la vie ca vaut la peine d etre vecue!" MERCI ! J ADORE !<br /> <br /> Petite parenthese : sur la photo il a un serieux air de Jacques Dutronc dans l allure. Est-ce seulement sur cette photo?
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