Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fariboles & Calembredaines
Fariboles & Calembredaines
Publicité
Fariboles & Calembredaines
Derniers commentaires
Archives
30 janvier 2007

Au coin du monde

Il faudrait être d’un optimisme confinant à la stupidité, ou d’une mauvaise foi sans bornes, pour blâmer ceux qui pensent que 2007 s’annonce comme une année de chiottes. Il suffit de suivre un minimum l’actualité pour être saisi de dégoût et/ou d’effroi à la pensée que dans un peu plus de trois mois la grande nouille ou le petit teigneux posera son auguste postérieur sur le fauteuil présidentielle, annonçant pour le pays de la douceur de vivre, de l’amour et du fromage, cinq années de ténèbres. Et pourtant, ami, ne te désole pas, car si cette année subira l’effroyable jugement des urnes, de modestes lueurs permettront à ta vie morne et terne de s’éclairer un instant. Oh bien sûr, cela paraîtra dérisoire à certains, et ne t’étonne pas de subir railleries et dédain si tu t’en ouvres publiquement, mais toi et moi savons bien que la sortie du dernier tome d’Harry Potter, ou du nouveau Radiohead, sont des oasis, des asiles précieux où nous pouvons nous reposer des vicissitudes du siècle et reprendre assez d’espoir pour continuer, chaque matin, à sortir de son lit et à se jeter dans la mêlée.

Cette année, donc, et malgré le réchauffement climatique, les conflits en Orient, les présidentielles, l’Iran, « l’hyperterrorisme » ou la Corée du Nord, une poignée de gens que l’on ne connaît pas et qui ne nous connaissent pas plus, nous aideront à tenir le coup. Des gens qui, dans leur coin, font leur petit bonhomme de chemin sans se rendre compte de l’importance qu’ils ont. Je te ferai pas le catalogue ici, on verra au fur et à mesure, mais je vais te parler de la première bonne nouvelle de l’année ; Keren Ann revient.

Si c’est pour te moquer, passe ton chemin tout de suite. Ce n’est pas parce qu’elle a été cataloguée comme membre de « la nouvelle chanson française » par une bande de cons (ce sont d’ailleurs les mêmes cons qui y classent aussi Dominique A ou Miossec, qui avaient déjà une carrière à l’époque où Bénabar et Vincent Delerm se faisaient casser la gueule à la récré parce qu’ils faisaient déjà chier tout le monde), ce n’est pas, dis-je, une raison suffisante pour se moquer. La vérité c’est que si son premier album sonnait indubitablement variet’ à la française, elle n’a cessé depuis de s'échapper du genre pour devenir une chanteuse folk, pop, rock, avec des violons et des choeurs et des beats et des boucles des fois. Merde quoi, on parle pas de Carla Bruni, là, soyons sérieux. D’accord, Keren susurre, comme plein d’autres, mais elle, quand elle susurre, elle susurre vraiment, elle en fait pas des tonnes genre « écoutez comme je susurre bien, écoutez comme je cache bien que j’ai pas de voix ».

En français déjà, elle arrivait à faire de petites choses belles à pleurer au milieu des trucs et des machins plus ou moins passables, mais la vraie claque c’est lorsqu’elle a abandonné le français pour Not going anywhere. Putain d’album, je vous prie de le croire. Et puis il y a eu Nolita. Une première chanson remarquable, puis un retour aux françouillises des débuts. Plutôt décevant. Et là, d’un coup, en traître, tombe la chanson titre, Nolita donc, 7min12 incroyables, inracontables, à écouter au casque, très fort, dans le noir ; j’en frissonne encore. Le genre de chanson qui vous donne envie de demander la chanteuse en mariage sur-le-champ, juste pour qu’elle vous la chante rien que pour vous, qu’elle vous la susurre dans le creux de l’oreille encore et encore, jusqu’à ce que la mort vous sépare, amen.

Et donc, Keren Ann Zeidel, sort un nouveau disque en avril. Le 23, exactement. Et vous pouvez en entendre un extrait, Lay your head down, ici. Et c’est beau. Et vivre n’est pas si mal tant que chante Keren Ann.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité