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Fariboles & Calembredaines
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13 septembre 2006

Ils sont forts ces rosbifs

L'autre soir, n'ayant plus rien à lire de neuf, j'ai eu la riche idée de relire le "Testament à l'anglaise" de Jonathan Coe.

2070403262 C'est l'histoire d'une famille britannique, les Winshaw. Une vraie famille britannique, avec son vieux manoir, son vieux domestique et sa tante folle. Cette grande famille dont chaque membre déteste cordialement les autres, va mettre main basse sur tous les secteurs de la société anglaise. Médias, affaires, marché de l'art, industrie agroalimentaire, politique, marché des armes ; avec la bénédiction de Maggie Thatcher, ils vont saigner à blanc le Royaume-Uni durant les années 80. Une belle brochette de salopards en somme.

Or, la vieille tante folle demande un jour à un jeune écrivain d'écrire la biographie de ce ramassis de fumiers. Michael Owen, l'écrivain en question, va y consacrer une partie des années 80 avant de sombrer dans trois ans de dépression.

ThatcherJe ne sais pas si vous vous êtes déjà demandé, en regardant les infos par exemple, ou en cherchant du boulot, ou en ayant affaire à une administration, "Comment en est-on arrivé là ? A quel moment quelque chose s'est détraqué et a donné le monde dans lequel on vit ?"
Coe vous donne une réponse: c'est à cause des Winshaw. En présentant les biographies de ces rapaces, il dresse un portrait effrayant des années Thatcher. Bien sûr le trait est souvent forcé, caricatural, ce qui est le propre d'une satire.

Si le livre n'était que ça, ce serait déjà un sacré bouquin. Seulement voilà, ce n'est pas juste un sacré bouquin que Coe voulait écrire, mais un chef d'oeuvre. Ainsi, parallèlement aux portraits des Winshaw, il nous raconte les vicissitudes d'Owen, écoeuré par son sujet, enfoncé sans qu'on sache vraiment pourquoi dans une dépression terrible (il arrête d'écrire, ne voit personne pendant trois ans).

Semant, au fil d'une histoire à la construction pas piquée des hannetons, de petits cailloux qui n'ont l'air de rien, il ouvre des pistes, laissant flotter sur l'ensemble un soupçon d'onirisme, d'étrangeté, multipliant les références à "l'Orphée" de Cocteau. Le thème du rêve inspire d'ailleurs tellement Coe qu'il lui consacrera son roman suivant, "La Maison du sommeil".

Pour finir, la deuxième partie, qui donne son titre français au roman, fait totalement décoller le livre et donne envie de le relire immédiatement. Bon bien sûr, j'en dis pas plus, histoire de garder le plaisir de la découverte, mais bref, lisez-le.


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